HPI or not HPI
Ce nouvel article pour faire part de mon agacement (si ce n’est davantage parfois) face aux « surdiagnostics » de profils de Haut Potentiel Intellectuel…
Je reçois effectivement beaucoup d’enfants et leurs parents en consultation dans ce cadre (tout d’abord parce que je suis neuropsychologue mais aussi parce que j’adore accompagner ces profils) et, de trop nombreuses fois, avec toute la bienveillance possible, je me retrouve contrainte de réfuter cette possibilité, de renier ce qui a pourtant été établi et ce dans quoi les familles se sont construites.
Les nouveaux bilans réalisés (après le délai imposé par les effets de test-retest) invalident trop souvent ceux précédemment effectués alors que pourtant, le QI est sensé être une mesure relativement stable dans le temps (oui je répète souvent qu’on s’en fiche du chiffre de QI mais là, c’est avéré)… Et les écarts de scores obtenus peuvent parfois être très importants… Je me remets alors en question : suis-je trop sévère dans mes notations ? Ai-je mal compris ? Mais pourtant, j’enseigne cette matière à la fac et suis donc au courant que les tests sont conçus pour être sensibles, fidèles et valides. Autrement dit, les écarts obtenus ne devraient pas être trop importants entre mon évaluation et celle d’un autre psychologue formé. Car finalement en fait, c’est peut être ça le problème, on ne s’improvise pas expert des tests, même si les manuels ne sont pas difficiles à prendre en main. L’évaluation des fonctions cognitives de l’enfant est un cours que je dispense et je tâche de le faire du mieux possible (évidemment !) mais je ne crois pas me tromper en disant qu’à l’issue des 12 heures de cours que reçoivent les étudiants sur le sujet, ils ne sont pas encore autonomes sur ce propos. La passation des épreuves peut-être, leur cotation je l’espère mais l’interprétation demande davantage et surtout de l’expérience et de la connaissance… Sans compter qu’il est possible de passer à côté d’une comorbidité : un trouble associé, quand on ne maîtrise pas bien ses outils ou sujets. Et c’est bien souvent le cas. C’est pour cela qu’il existe un master spécialisé en neuropsychologie : pour maîtriser les tests.
Il faut aussi savoir que, de mon côté, bien qu’ayant fait mes études dans l’une des meilleures universités dans le domaine, je n’ai pas été formée pendant mon parcours de Master au Haut Potentiel. Ce n’est qu’après que je l’ai abordé, au détour de plusieurs formations. Je n’en suis pas experte mais je m’y intéresse, je fouille, je me forme, je fais de mon mieux pour tâcher de vous donner la réponse la plus précise possible quand vous venez me consulter. Je sais que de nombreuses consoeurs (et amies) font de même et parfois bien plus encore. C’est alors un bonheur d’échanger, d’apprendre et d’enrichir encore. Je sais aussi que d’autres ne font pas cet effort et là je suis embêtée, car il n’y a rien d’évident dans le fait d’annoncer à des familles que leur enfant n’est pas ce qu’ils croient qu’il est (il peut être d’ailleurs « génial » sur un tas d’autres aspects).
Alors chers patients, s’il vous plaît, renseignez-vous pour rencontrer des personnes qui connaissent bien ces profils. Les associations peuvent vous fournir des listes de professionnels avec lesquels ils ont l’habitude de travailler et dont ils sont (à priori !!) contents.
0 Commentaires